« Voilà bien l’Inde ! Le pays des rêves et du romantisme, d’une fabuleuse richesse et d’une fabuleuse pauvreté, du luxe et des haillons, des palais et des cabanes, de la famine et de la peste, des génies, des géants et des lampes d’Alladin, des tigres et des éléphants, du cobra et de la jungle, le pays de centaines de nations et de langues, de milliers de religions et de deux millions de dieux (…) Le seul pays que tous les hommes rêvent de voir ou d’avoir vu une fois, ne serait-ce que pour un court moment qu’ils n’échangeraient contre aucun trésor au monde .» (Mark Twain, Following the Equator)
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dimanche 26 août 2012

L'Inde, pays de la non-violence? Sûrement pas


A la lecture de l’excellent livre « Inde-Histoire, société, culture » de Pauline Garaude (Editions La Découverte), je suis frappé par certains faits et chiffres qui montrent la côté obscur de la société indienne, parfois d’une extrême violence.

On est souvent loin du principe de non-violence prônée par Gandhi pour lutter contre l’occupation britannique.

La violence est tout d’abord sociétale. Le système rigide des castes n’arrange rien, et il n’est pas rare de voir des hindous de castes supérieures traiter ceux des castes inférieures avec mépris, voire violence.  « Dans les gares ou dans les rues, les plus miséreux (lépreux, tuberculeux, handicapées, mendiantes âgées…) peuvent être humiliés, voire martyrisés », selon Pauline Garaude.

La violence est également dirigée contre les femmes.
Avoir une fille est parfois une véritable malédiction. En plus de payer une dot conséquente, qui peut obliger les parents à s’endetter sur plusieurs années, avoir une fille représente une aide en moins à la maison, puisqu’elle ira vivre dans la famille de son époux. Elle ne perpétuera pas non plus le nom de la famille. Aussi, atrocement, ce sont chaque année près d’un million de filles qui sont assassinées, à l’état de fœtus ou à la naissance, voire plus rarement à l’âge du mariage.
Un article de Claudine Terral, cite un rapport de 2011 selon lequel  65% des Indiens sont d'accord avec le fait que "dans certains cas, une femme mérite d'être battue"(http://inde.aujourdhuilemonde.com/inegalite-des-sexes-et-violences-conjugales-restent-des-realites-indiennes).

Les violences religieuses ou interethniques sont également quasi-permanentes, notamment entre hindous et musulmans, comme en 1964, où, en représailles à l’afflux de réfugiés  hindous persécutés au Pakistan, ce sont des milliers de musulmans qui seront tués à Calcutta. Encore fin juillet 2012, on dénombrait 38 morts et 170 000 déplacés dans des violences interethniques dans l’Etat de l’Assam, au nord-est. Et la situation s’est dégradée depuis (http://www.lepoint.fr/monde/inde-nouvelles-violences-interethniques-dans-le-nord-est-16-08-2012-1496326_24.php).

La violence est également souvent liée à la misère, qui touche  d’abord les enfants : près de 40% des enfants sont malnutris  et plus de  40 millions d’enfants sont contraints de travailler pour assurer leur survie et celle de leur famille.  

Autres chiffres frappants : 20% de la population est sous-alimentée, un sixième de la population n’a pas accès à l’eau potable, des centaines de paysans se suicident chaque année, faute de pouvoir rembourser les intérêts exorbitants des prêts qu’ils ont contractés pour des semences OGM inefficaces.

Il faudra encore des années avant que la société indienne ne s’assouplisse et sorte de la misère et de la violence.


Dans les rues de la vieille ville de Jodhpur, Rajasthan

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